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A lire : les livres et quelques articles
de Chantal Calatayud,
psychanalyste, didacticienne analytique,
auteur,
parus dans Psychanalyse magazine.

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« J'ai l'impression d'avoir terminé mon analyse »


J'ai 29 ans aujourd'hui. J'ai commencé une psychanalyse il y a 4 ans car je ne m'acceptais pas telle que j'étais. Je n'aimais rien chez moi : ni mon physique, ni mon intellect. Tout ça est réglé depuis plusieurs mois, même si mon poste de secrétaire de direction ne me convient pas dans la mesure où je suis souvent en conflits avec une équipe qui a tendance à en faire le moins possible. Mais rien de rare ici car les salariés considèrent en général qu'ils sont exploités. Du côté de la direction, tout le monde est unanime : c'est partout pareil ! Pour en revenir à moi, j'ai l'impression d'avoir terminé mon analyse. Mon psy n'est pas de cet avis. Je le sens intéressé par l'argent et je pense qu'il me garde abusivement comme patiente. Qu'en pensez-vous ?

Charlotte L., 26200 Montélimar

La réponse du psychanalyste

Tout d'abord, il n'est pas question pour moi de tomber dans une « analyse sauvage ». Mais, si vous le permettez, je vais tâcher de tisser des liens entre la théorie psychanalytique et vos propos. Peut-être vais-je d'ailleurs vous décevoir mais je me range tout à fait du côté de votre thérapeute. Explications.
Vous signalez être « en conflits avec une équipe qui a tendance à en faire le moins possible », ce qui entraînerait votre lassitude professionnelle. Or, une analyse terminée arrête tout réflexe projectif à la source. Entendez par-là que cette méthode liquide la mauvaise habitude qui consiste à rendre l'entourage, affectif ou social, responsable de ses problèmes. Vous continuez votre courrier par une généralité en spécifiant que « les salariés considèrent en général qu'ils sont exploités ». Là encore, si dénouement de votre analyse il y avait, vous n'auriez plus d'approche collective de toute situation puisqu'une cure analytique conduit aussi à envisager le groupe de façon individuelle, tout groupe étant constitué d'êtres humains uniques. Autre remarque : vous vous servez de votre direction pour appuyer votre jugement. Ainsi, si votre travail analytique était terminé, vous seriez – en jargon freudien – « désétayée », c'est-à-dire que vous n'auriez pas besoin de bouc émissaire pour faire passer vos messages, ce qui attesterait d'une solide confiance en vous. Enfin, vous ressentez votre psy « intéressé par l'argent ». Cette impression, outre le transfert négatif évident, signale que votre inconscient résiste encore à un stade psychologique où le rapport dominant/dominé s'exprime de façon particulièrement explicite, manifestations observables tout au long de votre lettre, ne serait-ce que dans l'opposition salariés/direction… Faites confiance à votre psy, Charlotte. Il considère à juste titre que vous avez encore des zones d'ombre à régler en les mettant en lumière. L'expérience du « divan » vaut la peine d'être poursuivie le plus loin possible car elle permet aussi d'accueillir les autres tels qu'ils sont. Mais, au fait, avez-vous un amoureux ? Pardonnez-moi cette indiscrétion car, effectivement, je ne suis pas votre psy mais je sais de toute façon que votre thérapeute ne manquera pas d'explorer avec vous votre vie sentimentale pour que votre épanouissement total soit au rendez-vous…

 

 

 

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