Chantal Calatayud

La linguistique : un autre regard sur la psychanalyse

« L'Inconscient », voici un mot souvent chargé de symboles inquiétants et dont le rôle reste encore trop inconnu pour le plus grand nombre. Pourtant, l'inconscient est bien présent dans les actes de la vie quotidienne, les rêves, les relations avec les autres et avec le monde. C'est tout un langage difficile à décrypter et notre seul moyen de le maîtriser, de nous rassurer, est d'essayer de l'interpréter. Une interprétation généralement hâtive et très superficielle que nous n'osons pas approfondir, ce serait comme « passer de l'autre côté du miroir ». Mais c'est bien de nous qu'il s'agit ou plutôt du Moi, un Moi profond, caché, voire même insoupçonné, qui pourrait changer notre vie si seulement nous nous accordions le temps nécessaire pour le découvrir.

Chantal Calatayud, psychanalyste, veut éclairer notre regard sur la psychanalyse pour enfin rompre avec une image négative et son cortège d'idées reçues. En effet, généralement, la psychanalyse inquiète autant qu'elle fascine et alimente l'imaginaire qui l'apparente à la folie, la maladie mentale face au psychanalyste tout-puissant, détenteur des « clés » d'un monde troublant. Qui n'a pas en tête la séance d'analyse caricaturale de l'analysant allongé sur le divan, pris dans un monologue interminable que l'analyste ne semble pas entendre, trop préoccupé par ses propres problèmes…

Non, la psychanalyse n'a vraiment rien à voir avec cela. C'est pourquoi Chantal Calatayud a créé trois Instituts de formation à la psychanalyse, un à Avignon au Centre d'études linguistiques, un à Carpentras et bientôt un autre à Aix en Provence. Elle souligne d'ailleurs que ces instituts sont ouverts à tous, ceux qui poursuivent un but professionnel ou personnel. Parce que (encore une idée reçue) la psychanalyse n'est pas un domaine réservé à une élite : il n'est pas nécessaire d'être médecin ou grand intellectuel pour pratiquer cette méthode. La psychanalyse s'enseigne à partir de bases théoriques et d'un suivi de didactiques collectives et individuelles. Dans ces instituts, Chantal travaille sur les thèses classiques de la psychanalyse, celles de Freud (incontournable), Lacan et Jung, avec une particularité, la linguistique, c'est-à-dire l'étude des mots, à partir des phonèmes (sons produits par le langage). C'est à travers les mots, que l'analysant utilise dans son discours, que l'analyste décrypte l'inconscient et interprète. Les mots ont eux aussi un sens caché que nous ne maîtrisons pas toujours : c'est par exemple le cas du lapsus. Ils ne sont jamais prononcés au hasard. Selon Lacan « l'inconscient est structuré comme un langage ». Chantal s'est lancée dans la formidable aventure de la psychanalyse en ayant pris conscience, au cours d'une réunion, qu'il est indispensable de bien se connaître soi-même pour pouvoir gérer un groupe. Elle a alors commencé sa première analyse et est entrée dans un institut pour suivre une formation. Pour Chantal, la cure analytique est une méthode d'introspection à visée préventive ou curative. C'est un moyen d'évolution personnelle, une façon de briser la chaîne de la fatalité, parce que le hasard n'existe pas et que l'inconscient est souvent responsable des fatalités que nous rencontrons. C'est aussi et surtout une véritable ouverture au monde, à la vie. La psychanalyse aide à retrouver le Moi profond, souvent inhibé, à sortir du système de culpabilité dans lequel nous nous enfermons et offre la possibilité d'avoir une prise sur sa vie, de la maîtriser. Se découvrir soi-même, c'est aussi prendre de la distance avec le vécu affectif, les relations parentales, y voir plus clair pour être plus juste, plus intègre.

Chantal explique que la cure analytique est une méthode et une méthodologie spécifiques utilisées par l'analyste qui réduit, in fine, l'angoisse latente par l'interprétation. C'est une sorte de guide qui accompagne l'autre dans une démarche personnelle sans juger, en préservant le libre arbitre de chacun.