« C’est un apprentissage lié à une forme d’humilité »
L’essentiel de la PSYCHO : Comment part-on à la recherche de soi-même ?
Chantal Calatayud : Cela nécessite d’avoir atteint une maturité pulsionnelle suffisante qui passe par la possibilité de se frustrer soi-même. De manière basique, il faut être capable de quitter le « tout, tout de suite ». C’est la vérification d’un excellent narcissisme et d’une bonne maîtrise de soi.
E.P. : Pourquoi cette quête prend-elle du temps ?
C.C. : Très inconsciemment, on sait que l’on va quitter des schémas archaïques qui reposent sur une filiation ancestrale : nos hésitations à être soi sont freinées la plupart du temps par de la culpabilité. Cependant, l’autoanalyse devient une démarche passionnante qui ouvre des portes fabuleuses donnant sur des jardins secrets. De dénouement en dénouement, on ne peut qu’avoir envie de continuer le plus longtemps possible.
E.P. : Cette quête aboutit-elle un jour ?
C.C. : Il ne s’agit pas fondamentalement d’aboutir à être soi puisque cela signifierait alors que certains possèdent la recette et d’autres pas. Ce que l’on nomme en psychanalyse « vrai self » (par opposition au « faux self ») ne peut s’appréhender que dans un ensemble où le contexte sociologique joue un rôle prépondérant. Être soi, c’est aussi refuser l’immobilisme, ne plus accepter de vivre dans le passé mais exister au temps présent. Carpe diem. Vivre tout simplement. Ne plus survivre.
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