Pardonner, pas si facile !
« Ne pas tenir compte d'une faute, d'une offense », telle est la définition du pardon que l'on trouve dans le Larousse. Quelques mots pour un travail ardu, difficile, qui, par ailleurs, implique une série d'autres éléments.
« Il est nécessaire de prendre en compte les dispositions limitatives de l'autre », explique la psychanalyste française Chantal Calatayud. Ce qui demande de se connaître soi-même pour acquérir une meilleure compréhension des autres. Et qui s'inscrit dans une démarche évolutive.
Précisons que pardonner n'est pas synonyme d'excuser. De même que le pardon ne doit en aucun cas être accordé dans l'optique d'un rapport dominant-dominé. Il n'est pas question non plus de rechercher le détachement. Ce dernier ne conduirait, en aucun cas, au but recherché.
Comment, dès lors, peut-on savoir que l'on y est parvenu ? « Lorsque le fait d'imaginer l'offenseur ne déclenche plus aucune rancœur », affirme l'auteur. Et que s'installe à la place une sorte de neutralité bienveillante. Sans antipathie, ni sympathie.
Les avantages en seront alors multiples, tant pour l'agresseur que pour l'agressé. Le premier se sentira libéré de sa « dette » ; le second aura un regain d'énergie qu'il pourra utiliser de manière plus saine.
J'en témoigne. Il m'est arrivé de rencontrer, dans des stages, des personnes qui m'ont prouvé, par leur expérience, les bienfaits d'un tel procédé. Cette jeune maman, par exemple, qui, ayant subi l'inceste durant son enfance, avait - au prix d'un long cheminement sûrement - réussi à pardonner à l'auteur de ces actes répétitifs. D'elle émanait beaucoup d'amour et de compassion. Ce n'est là qu'un témoignage parmi d'autres, mais d'importance quand on sait qu'il n'est pas rare que les enfants ayant subi de tels outrages dans l'enfance les reproduisent à leur tour sur leur propre descendance.
Bien sûr, on ne peut obliger quelqu'un à pardonner. Du reste, le quatrième chapitre de l'ouvrage est intitulé « Pardonner, si je veux » ! Freud, le célèbre psychanalyste viennois, avait, à ce propos, décidé de mettre un terme à ses consultations hypnotiques. Parce qu'il avait pris conscience de la dualité du « Je veux… mais je ne peux pas ».
Rappelons encore que le pardon permet, en outre, de vaincre la dépendance. Ce qui implique que l'on a décidé d'en finir avec les comportements abandonniques et que l'on veut faire comprendre à l'entourage que l'on n'appartient à personne. Ce qui ne veut pas dire pour autant que l'on ne veuille plus partager avec eux. Mais juste différemment.
Le pardon est, comme vous pouvez le constater, l'incontournable allié d'une existence sereine. Il n'aura toutefois de véritable sens que lorsque l'on aura compris positivement le message caché de l'agresseur. À partir de là, l'agressé pourra commencer à parler de lui-même de manière différente. Et n'exprimera plus ce qu'il a en lui, mais ce qu'il est.
À la question de savoir s'il existe une aptitude au pardon, Chantal Calatayud avoue sa difficulté à donner une réponse catégorique. La seule chose qu'elle puisse affirmer, c'est que nous sommes tous concernés ! |